L'histoire de Dolo, d'un village rural sur le territoire vénitien à un centre économique et culturel à l'époque de la Sérénissime

1 December 2021

Venise, 3 novembre 2021 - À quelques kilomètres de Venise, sur les rives du Naviglio del Brenta, se trouve le village de Dolo. C'est un joyau du territoire vénitien dont le lien avec la Sérénissime a des racines anciennes qui se manifestent encore dans ses palais, ses églises et les rues de la ville, témoignages de la domination d'une ville qui fête cette année son 1600ème anniversaire.

Il suffit de se promener dans les rues de Dolo pour le remarquer : de la façade de l’église de San Rocco qui, entre le marbre blanc et les colonnes de l'église, nous souvient la basilique San Giorgio Maggiore de Venise au clocher qui rappelle, par son aspect et ses couleurs, le "Paron de Casa" (terme affectif qui indique le clocher de Place Saint-Marc). On peut également retrouver Venise dans les rues de Dolo en écoutant le bruit de l'eau qui coule sur les aubes du moulin et en percevant ce même clapotis des canaux vénitiens au passage des gondoles, ou en jetant un œil sur le squero historique (terme qui indique le lieu où on réparait les bateaux), le seul de toute la Riviera del Brenta, qui nous ramène au travail des charpentiers de la ville lagunaire.

C'est au seizième siècle que le premier contact a été établi entre Dolo et Venise, deux endroits géographiquement proches mais, jusqu'alors, encore distants dans leurs relations. Celle de créer un lien entre la cité lagunaire et ce petit village de l'intérieur fut une décision prise par le gouvernement vénitien. En effet, à l’époque, la Sérénissime a choisi de réaménager une partie de son territoire pour en faire une étape alternative pour le commerce méditerranéen qui, après la découverte de l'Amérique et le développement du commerce d’outre-mer, commençait à décliner.

"C'est la vente soudaine de terres d’arrière-pays à la noblesse vénitiennequi a entraîné le développement de l'élevage et de la culture dans les villas de la Riviera de Brenta", déclare Elisabetta Vulcano, fondatrice du Centro Studi Riviera del Brenta, "Deux siècles plus tard, ces villas deviendront des exemples de splendeur et d'élégance, ainsi que les lieux de séjour de la noblesse vénitienne sur la terre ferme, transformant ainsi un lieu encore inconnu en "salon beau" de la Riviera".

Le lien entre Dolo et Venise est également confirmé par un autre élément : la rivière Brenta. Cette voie navigable, considérée par les Vénitiens comme une continuation imaginaire du Grand Canal, a favorisée un rapide développement commercial, économique et mondain de la ville. Le Naviglio del Brenta, encore présent à Dolo aujourd'hui, la divisait en deux pôles distincts. D'une part il y avait le pôle social, délimité par le Caffè Commercio, le premier lieu public de la ville construit sur l'exemple des cafés vénitiens. D'autre part, le pôle économique constitué par le moulin monumental, cœur battant de l'activité économique de la ville, par le squero dans lequel on réparait les burchi et les burchielli (termes qui indiquent des embarcations typiques de Venise) et on imperméabilisait les fonds des bateaux, et par des écluses historiques pour le transport des marchandises et des personnes.

Ces dernières représentent une révolution pour la Riviera del Brenta. Appelées "vinciane" parce qu'elles étaient basées sur un projet de Léonard de Vinci, les écluses ovales ont été installées en quatre endroits du territoire vénitien : Dolo, Mira, Stra et Moranzani. Elles garantissaient une bonne navigation de et pour la cité lagunaire, en aplanissant la différence de hauteur de 12 mètres entre Padoue et Venise.

"Dans le passé, franchir une écluse avec un burchiello n'était certainement pas un processus aussi rapide que nous pouvons l'imaginer aujourd'hui", explique Elisabetta Vulcano, "ceux qui passaient devaient attendre pendant des heures avant de continuer leur navigation le long de la rivière. Pour cette raison, autour de ces systèmes hydrauliques de petites places commerciales se sont développées, où les marchands passaient le temps en jouant aux dés, en achetant des marchandises aux stands installés le long de la rive ou simplement en buvant un puntcio della barcarola au Caffè Commercio, comme on peut le voir dans certaines œuvres de Giambattista Cimaroli et Francesco Costa".

Dans chaque coin de Dolo, du plus caché, comme la calle dei Calafati, au plus imposant et majestueux, comme la place qui abrite le petit "Paron de Casa”, on retrouve l'histoire, la culture et le savoir vénitien qui, en peu de temps, ont réussi à transformer une petite ville de la Riviera del Brenta en l'un des plus importants centres culturels, sociaux et économiques à l'époque de la Sérénissime.

 

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