Le jour de Saint Marc et la Fête du Bòcolo : un bouton de rose pour les femmes aimée

23 August 2021

Venise, 23 avril 2021 - Le 25 avril vénitien n’est pas seulement le jour dédié à Saint Marc, il est aussi connu comme le jour de la Festa del bòcolo. À vrai dire, une ancienne coutume vénitienne, transmise jusqu'à nos jours, veut que le jour de la célébration de la mort et du martyre du saint patron de la ville, les hommes offrent un bouton de rose rouge (bòcolo en vénitien) à leur bien-aimée.

Dans la culture populaire, il existe une relation très forte entre la figure du saint, de la femme et de cette fleur. En effet, on croit qu'à Alexandrie des roses ont fleuri du sang de l'évangéliste mort martyr ; mais cette même fleur est liée à la représentation de la figure féminine qui, dans la Venise du seizième siècle, était très souvent représentée comme une mariée (novizza en vénitien) avec une rose à la main.

Néanmoins, il y a deux légendes auxquelles on attribue l'origine de ce cadeau, qui continue à faire partie des coutumes vénitiennes contemporaines.

La légende de l'amour entre Vulcana et Tancredi

La première légende populaire dont dériverait la coutume d’offrir une rose le jour de Saint Marc raconte de l’amour malheureux entre Maria Partecipazio, fille du noble vénitien Orso et surnommée Vulcana à cause de ses yeux noirs ardents, et un troubadour nommé Tancredi.

Afin de surmonter la différence de caste entre les deux amants, qui était d’obstacle à leur mariage, Vulcana convainc Tancredi à partir pour la guerre que l'empereur Charlemagne était en train de mener contre les Maures d'Espagne. Le jeune homme accepte de partir, et en peu de temps il se distingue par sa valeur à tel point que la renommée de ses entreprises arrive jusqu'à Venise ; c’est dans cette façon qu’il devient digne de se marier avec la fille du noble.

Malheureusement, un jour Tancredi est mortellement blessé au combat et, tombant sur un rosier, il le teint avec son sang. En fin de vie, le jeune homme cueille un bouton de rose et supplie son compagnon Orlando, le paladin de Charlemagne (mentionné dans le poème épique de la Chanson de Roland et dans de nombreuses autres œuvres littéraires), de la livrer à sa bien-aimée Vulcana à Venise comme déclaration de son amour éternel.

Orlando, fidèle à la promesse faite à son ami mourant, se met en route vers Venise, y arrivant à la veille du jour de Saint Marc. Lorsqu'il rencontre Vulcana, il lui donne le cadeau d'amour de Tancredi, la laissant pétrifiée de chagrin. Le lendemain matin, le 25 avril, les servantes trouvent Vulcana sur son lit, morte et avec le bouton taché du sang de son amant sur le cœur.

La nouvelle se répande immédiatement dans la ville et, en souvenir de la malheureuse Vulcana et de son tragique épilogue, les hommes de Venise commencent à offrir chaque année, dans le jour de Saint Marc, un bouton de rose rouge à leur bien-aimée en signe d'amour.

La légende de Basilio et des roses de la concorde

Moins connue c’est une autre légende, cette fois liée au vol du corps de l'évangéliste d'Alexandrie en Égypte à Venise. Comment raconte l’histoire, les reliques du saint ont été transportées sur un bateau, cachées dans un panier contenant des fruits et du porc, animal considéré impur pour les musulmans. Le méfait a été accompli par deux marchands vénitiens, Rustico da Torcello et Bono ou Tribuno di Malamocco, qui sont arrivés à Venise avec le corps du saint le 31 janvier 828.

Selon la tradition populaire, les deux hommes ont été toutefois aidés par un serviteur nommé Basilio, qui a astucieusement contribué au vol du corps de Saint Marc, en obtenant en récompense la possibilité d'emporter avec lui le rosier qui poussait près de la tombe de l'évangéliste à Alexandrie.

De retour dans sa maison de la Giudecca, Basilio plante immédiatement les roses dans son jardin, où elles continuent à fleurir pendant de nombreuses années, même après sa mort. Quand la propriété est héritée par les fils de Basilio, ils décident de laisser la roseraie à l'endroit où elle se trouvait pour marquer la limite de leur résidence ; mais les roses continuent à fleurir aussi longtemps que de bonnes relations entre les membres de la famille de Basilio sont gardées.

Lorsque ces relations commencent à se détériorer (on dit qu'il y a eu même un meurtre dans la famille), la plante cesse de fleurir mais continue à se pousser.

Cependant, le 25 avril d'une année non précisée, la jeune fille de la famille des descendants de Basilio, en se trouvant dans le jardin, s’aperçoit qu'un jeune homme de la famille rivale est en train de la regarder avec intérêt de l'autre côté de la roseraie. Cette rencontre des regards débouche ensuite dans une histoire d'amour entre les deux, et le rosier volé dès la tombe de l'évangéliste revient s'épanouir dans le jardin de Basilio, produisant d'innombrables boutons rouges. En guise de démonstration d'amour, le jeune homme cueille le bouton le plus beau, l'embrasse et le lance à la jeune fille, ramenant ainsi la paix dans la famille.

Depuis ce moment, les Vénitiens offrent toujours un bouton de rose à leurs proches le 25 avril.