La Fabbrica del Vedere : de la lanterne magique à aujourd'hui, on raconte l'histoire du cinéma 

19 January 2022

Bien qu’aujourd'hui tout soit virtuel, il y a une longue et fascinante histoire à raconter. De la lanterne magique à la caméra, Carlo Montanaro a construit ces archives avec patience, tout au long de sa vie, avec la même passion qui l'a frappé, enfant, lorsqu'il a vu le théâtre de marionnettes pour la première fois. C'est ainsi qu'est née la Fabbrica del Vedere, un musée installé sur trois étages d'une maison typiquement vénitienne, cachée en Calle del Forno, près de la Strada Nova, à quelques pas de la galerie Giorgio Franchetti de Ca' D'Oro. Trois étages remplis de films, de caméras, de publications, de photogrammes et de photographies, et d'instruments qui semblent aujourd'hui venir d'une autre planète : dioramas, stéréoscopes, le "nouveau monde". Et parmi les étagères, dans les tiroirs, il y a aussi beaucoup de Venise : la ville qui fête ses 1600 ans et qui est encore capable de transmettre, aujourd'hui comme hier, le message d'une ville éternelle, admirée sur les écrans internationaux sous toutes ses facettes.  

“Attilio D'Este a vécu dans cette maison", explique Montanaro, qui a enseigné la théorie et la méthode des médias de masse à l'Académie des Beaux-Arts de Venise, dont il est ensuite devenu le directeur, et qui a également enseigné la théorie et la technique du langage cinématographique, puis la restauration cinématographique et audiovisuelle à la Faculté de Littérature et de Philosophie de l'Université Ca' Foscari : "C'était un boulanger passionné de cinéma et cette maison contenait des témoignages de l'histoire du cinéma et du pré-cinéma. Quand il est mort, j'ai décidé d'acheter la maison et le matériel qui s'y trouvait, et j'ai donc ouvert ce musée à la fin du 2014, en ajoutant tout ce que je possédais et tout ce que j'ai acheté au fil des ans".

Les archives comprennent une quantité extrêmement hétérogène de matériel qui cherche à témoigner du "voir" depuis l'époque où les images peuvent être reproduites. Ainsi, en partant de la gravure (de Canaletto aux Vues d'optiques), en passant par la lanterne magique, pour arriver à la photographie, l'analyse et la synthèse du mouvement, dont témoignent les appareils de pré-cinéma, jusqu'au cinéma, à la télévision et au numérique. Il y a les expériences de Jules Etienne Marey, les découvertes des frères Lumière, l'inventeur de la fiction Georges Méliès, le cinéma muet, l'introduction du son et de la couleur. Il y a le monde disparu de la pellicule, le Cinémascope, le 70 mm, le celluloïd, puis l'acétate et enfin le polyester. Il y a un monde qui change, une profession qui change, un langage qui change, mais grâce aux efforts de Montanaro, ce monde n'est pas perdu mais, au contraire, il est raconté et fait connaître dans ce petit coin de Venise.

Chaque année, la Fabbrica del Vedere réalise, avec l’aide du photographe Francesco Barasciutti, un calendrier avec une sélection des matériaux qu'elle préserve. Un voyage qui a commencé en 2015 avec l'exposition "Lanternes magiques", qui comprenait une sélection de lanternes datant de 1800, et qui se poursuit aujourd'hui avec la présentation de la huitième édition du calendrier 2022 et de l'exposition "Cineprese", qui peut être visitée jusqu'à la fin du mois de février de 17h30 à 19h. Sont exposés ce que Montanaro définit comme des "engins très éloignés de l'idée de la caméra", chacun ayant sa propre histoire et son propre charme, y compris une caméra de 1903. Onze pièces d'équipement retracent l'évolution de la "dixième muse". De l'autonomie initiale d'un peu plus d'une poignée de secondes, aux chargeurs permettant de réaliser des prises de vue en continu pendant cinq à neuf minutes. Les technologies évoluaient au fur et à mesure que la "carrosserie" des caméras s'améliorait au fil des ans : du bois stable de l'acajou à l'aluminium et au plomb pour endiguer le tic-tac mécanique à l'ère du son. Ces objets risquent de tomber dans l'oubli, de disparaître des plateaux et d'être supplantés par les caméras, dont la fascination se perd peu à peu au profit des nouvelles technologies numériques qui ne peuvent toutefois pas remplacer ces fascinantes "boîtes" qui renferment des morceaux de l'histoire du cinéma et de la photographie. 

Pour toute information www.archiviocarlomontanaro.com