De Bergame à Venise avec le tagiapiera, le depentor, le pennacchièr et le sonador

23 August 2021

Venise, 22 juin 2021 - Ils ont quitté Bergame pour travailler à Venise, où, pendant des siècles, ils ont exercé leur art avec une grande habileté. Le tagiapiera (tailleur de pierre, mais aussi maçon, maître et architecte), le depentor (artiste et peintre), le pennachièr (marchand spécialisé dans les plumes d'oiseaux rares, comme les autruches) et le sonador (musicien, compositeur de musique) ont tous débarqué dans la lagune. C'est à ces personnages qu'est consacré un projet que l'Université des sciences, des lettres et des arts de Bergame présentera le mercredi 23 juin à 17h30, à l'occasion des célébrations de l'anniversaire de Venise, fondée il y a 1600 ans. Le projet s'intitule "Tagiapiera, depentor, pennacchièr e sonador. Il Bergamasco e Venezia (1428-1797)" et comprendra, d'octobre à avril de l'année prochaine, 37 conférences (en mode webinaire) par des chercheurs aussi appartenant à l'Université que provenant d'universités italiennes et étrangères. Le but c’est de retracer le rôle de Venise en tant que Stato da tera (domaine continentale), et d’apprendre combien Bergame a donné à la Sérénissime. Deux cartes interactives seront également créées : une carte pour Venise, sur laquelle seront marquées les traces de la présence bergamasque dans la ville lagunaire (calli, campi, corti et salizade qui témoignent de la présence de familles bergamasques, de professions et de métiers). Et une autre avec des itinéraires de souvenirs vénitiens à Bergame : les murs, les portes de la ville, le Palazzo del Podestà, le Palazzo del Capitano, la foire, le lazzaretto, etc.

Tomaso Garzoni, dans La Piazza universale di tutte le professioni del mondo et nobili et ignobili a écrit que les Bergamasques n'étaient que des porteurs "simples, lâches mais de bonne nature [...] nés dans les montagnes, où ils sortent du bac comme les oiseaux sortent de la cage, et envoyés hors de la vallée pour l’intérêt du monde entier, qui les utilise comme des ânes", lourds et grossiers dans leur langage, babbioni et turlurù dans leurs manières, mais forts, infatigables et astucieux pour économiser de l'argent.

Les conférences visent plutôt à dresser un profil différent de ce grand nombre de migrants qui se sont installés à Venise pendant les longs siècles de domination. Parmi ces migrants, on trouve des personnages célèbres, qui ont laissé une trace indélébile dans l'histoire de la ville : il y a l'architecte-artisan Mauro Codussi, né à Lenna et qui choisissait les meilleurs maçons et tailleurs de pierre du son village pour les amener dans la lagune ; mais il y a aussi le depentor Jacopo Palma il Vecchio, né à Serina, et le compositeur Tomaso Albinoni, originaire de Castione della Presolana.

L’opinion des historiens est unanime : la cause première de la migration, qu'elle soit temporaire ou permanente, était la pauvreté, mais elle s'accompagnait d'un esprit de sacrifice et d'un désir d'affirmation, soulignant ainsi que la migration bergamasque était une migration réussie, animée par une capacité d'adaptation et capable de saisir toutes les opportunités.

De ces migrants qui ont formé à Venise une communauté cohésive, productive, créative et entreprenante dans de nombreux domaines de l'économie et de la culture, un peu crainte et souvent enviée, l'Université veut raconter l'histoire, depuis la lointaine année 1428 jusqu'à la révolution bergamasque du 1797, une année terrible pour la Sérénissime.

Plus d'informations : www.ateneobergamo.it